Photo : L'Equipe
Cette année, pour la première fois depuis 2008, les vainqueurs des deux précédents Grands Tours vont se retrouver sur La Vuelta Ciclista a España : Primoz Roglic et Jonas Vingegaard, respectivement vainqueurs du Giro d’Italia et du Tour de France, ont annoncé qu’ils prendront le départ du Tour d’Espagne 2023, qui aura lieu du 26 août au 17 septembre. Les deux cyclistes courent pour la formation néerlandaise Jumbo Visma, qui vise un exploit encore jamais réalisé dans toute l’histoire du cyclisme : remporter les trois Grands Tours sur une même année. Cependant, la concurrence sera rude : le vainqueur sortant Remco Evenepoel, les malheureux du Giro João Almeida et Geraint Thomas, et les outsiders comme Hugh Carthy ou Aleksandr Vlasov prendront tous le départ de la Vuelta en nourrissant de grandes ambitions au classement général. À quelques jours du contre-la-montre inaugural à Barcelone, voici une liste de huit coureurs qui pourraient bien marquer de leur empreinte cette 78ème édition du Tour d’Espagne.
Enric Mas, Movistar Team
Alors qu’il faisait partie des favoris au podium du Tour de France, le coureur espagnol avait été contraint à l’abandon par une chute dès la première étape. Rapidement rétabli malgré une fracture à l’omoplate droite, le Baléare vient prendre sa revanche en Espagne, sur le Tour dont il est le Poulidor : trois fois deuxième du classement général (2018, 2021, 2022), deux fois deuxième d’étape (2021, 2022), sans aucune victoire. Leader d’une équipe Movistar typée pour les parcours montagneux et toujours à l’aise sur son Tour national, Enric Mas est un sérieux prétendant au podium final, voire mieux …
Juan Ayuso, UAE Team Emirates
Habituée à jouer les premiers rôles sur les Grands Tours, l’UAE Team Emirates devrait suivre la même stratégie que l’année dernière : Almeida leader sur le Giro, Pogacar sur le Tour et Ayuso sur la Vuelta. Ainsi, le jeune espagnol de 20 ans, qui avait terminé à la troisième place de la dernière édition de la Vuelta pour son premier Grand Tour, devrait à nouveau profiter de son statut et du travail de ses coéquipiers pour espérer grimper sur le podium final. En outre, le Barcelonais a montré l’étendue de ses qualités sur le Tour de Suisse il y a quelques mois, lors duquel il est sorti vainqueur de son face à face avec Remco Evenepoel, aussi bien en montagne que sur le contre-la-montre de la dernière étape.
Romain Grégoire, Groupama FDJ
Fraîchement promu en équipe première en début de saison, Romain Grégoire n'a pas attendu longtemps pour faire ses preuves : pour son baptême en catégorie en World Tour, sur les mythiques Strade Bianche, le néo-professionnel a décroché une remarquable huitième place. Dernièrement, il a brillé sur le Tour du Limousin, terminant premier au classement général en remportant deux victoires d’étape. Une préparation réussie sans être surchargée, qui lui permettra d’aborder son premier Grand Tour avec un maximum de fraîcheur physique. Si Marc Madiot lui attribue le statut d’électron libre, nous pouvons être sûrs de voir le Bisontin se glisser dans les échappées, et à ce jeu là on pourrait bien le voir gagnant.
Cian Uijtdebroeks, Bora-Hansgrohe
Depuis sa création en 1961, le Tour de l’Avenir révèle les jeunes talents de moins de 23 ans aux yeux du monde entier. Parmi les grands champions du cyclisme, nombre d’entre eux ont gagné le Tour de l’Avenir : Lemond, Indurain, Fignon, Quintana, Pogacar et bien d’autres. L’année dernière, le vainqueur était belge. Son nom : Cian Uijtdebroeks. Bien qu’il ne compte aucune victoire en World Tour, le Wallon a déjà des belles références en courses par étapes, avec trois top dix successivement au Tour de Catalogne, Tour de Romandie et Tour de Suisse. Dans son équipe Bora-Hansgrohe, il pourrait bien profiter de la présence de coureurs dangereux en montagne comme Vlasov, Higuita et Kämna pour échapper à la vigilance des autres équipes et faire parler ses qualités de grimpeur.
Oier Lazkano, Movistar Team
Au sein de la formation espagnole Movistar, la hiérarchie est claire : Enric Mas vise la victoire au classement général, et compte sur l’ensemble de ses coéquipiers pour l’aider. Cependant, on sait que la Movistar aime placer des hommes à l’avant au cas ou l’échappée l’emporte, ce qui est assez commun sur la Vuelta. Ainsi, il ne serait pas surprenant de voir à l’attaque le coureur espagnol qui compte le plus de victoires cette saison : Oier Lazkano. Sacré champion d’Espagne, le basque aura à coeur de montrer le maillot rouge et jaune sur son Tour national, et compte tenu de sa polyvalence, l’espagnol sera une menace sur la plupart des étapes de cette édition.
Marijn van der Berg, EF Education-EasyPost
Parmi les cyclistes qui montent en puissance à l’approche des premières étapes de la Vuelta, on retrouve Marijn van der Berg. Déjà vainqueur sur La Route d’Occitanie en juin, le néerlandais a récidivé sur le Tour de Pologne, levant les bras sur la cinquième étape devant Matej Mohoric et João Almeida. Le jeune de la formation EF a montré l’étendue de ses talents en allant chercher des bons résultats, sur des sprints massifs comme sur des arrivées en côte.
Milan Menten, Lotto Dstny
À cause de son parcours particulièrement vallonné cette année, le Tour d’Espagne n’a pas vraiment la côte aux yeux des sprinteurs. Les plus véloces, à l’image de Juan Sebastián Molano (UAE), Alberto Dainese (DSM) ou encore Iván García Cortina (Movistar), devront se contenter de seulement quatre étapes au profil plat, propices à des arrivées massives. Même si les favoris ne voudront pas laisser passer ces rares opportunités de s’imposer, certains coureurs plus modestes pourraient bien créer la surprise. Le belge Milan Menten fait partie de ces candidats. Au sein d’une équipe Lotto Dstny formatée pour ce style d’arrivées, habituellement pour leurs sprinteurs Caleb Ewan et Arnaud De Lie, Menten pourra profiter du travail de ses poissons pilotes pour frotter avec les plus rapides du peloton et, on lui souhaite, de décrocher sa première victoire en World Tour.
Gerben Thijssen, Intermarché-Circus-Wanty
Malade en 2020 et victime d’une chute en 2022, Gerben Thijssen n’a jamais terminé le Tour d’Espagne. Pour son troisième Grand Tour, le belge a de nouveau été choisi comme sprinteur principal de son équipe, en espérant briser la malédiction qui semble lui peser sur cette course. Pour mettre toutes les chances de son côté, la formation française mise sur la connexion entre Thijssen et son poisson pilote Boy van Poppel : depuis le début de saison, les deux hommes ont couru ensemble sur 46 étapes, soit 86% de leur saison, pour perfectionner leur entente et leur cohésion à l’approche des sprints finaux. Le duo, qui a déjà empoché trois victoires et trois podiums cette année, espère déjouer les pronostics et décrocher un succès d’étape sur une des courses les plus prestigieuses du calendrier World Tour.
Pablo Gravier, le 23 août 2023