JO Paris 2024 : 5 moments marquants des exploits français

17 août 2024 par
Gravier Pablo

Photo : Sortir à Paris


Pendant plus de deux semaines, les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont rythmé la vie de milliards de personnes aux quatre coins du monde. L’extinction de la vasque olympique et la passation de flambeau à Los Angeles pour les JO 2028 ont définitivement clos le chapitre olympique parisien. Pour autant, cette quinzaine restera à jamais dans le patrimoine sportif français. Pour palier à la nostalgie qui touche déjà les fans de sport tricolore, nous avons sélectionné 5 moments qui ont marqué les Jeux de leur empreinte et qui figureront au Panthéon du sport français.


Le dunk de Yabusele sur LeBron James


Bien que la France dans sa globalité se soit illustrée par ses victoires et par son record après-guerre au classement des médailles, les équipes tricolores de sports collectifs ont subi de tristes défaites en finale. À l’instar de leurs homologues féminines, les basketteurs français affrontent la Dream Team des USA. Collés au score jusqu’à trois minutes du buzzer, les Bleus doivent finalement s’incliner face à un Stephen Curry clinique à trois points dans les dernières minutes de la rencontre. Un petit retour en arrière s’impose pour revenir sur une des images les plus vues de ces derniers jours.

Nous sommes à 2 minutes 15 de la fin du deuxième quart-temps, les Américains mènent 40 à 33 après un gros panier à trois points de Kevin Durant, creusant un écart de trois possessions pour la première fois de la rencontre. Sur la possession suivante, Guerschon Yabusele tient la balle en main. Frank Ntilikina vient au main à main suivi de près par Devin Booker. Yabusele feinte et fonce vers la raquette américaine déserte. LeBron James vient alors en soutien en dessous du panier des États-Unis. 

Dans cette situation, beaucoup de joueurs auraient été dissuadés par le positionnement défensif de celui qui est considéré par beaucoup comme le meilleur joueur de l’histoire de son sport. Mais rien n’arrête Guerschon Yabusele : l’ailier fort français s’élance vers King James, décolle au-dessus de lui et claque un dunk dans le panier. Deux points plus la faute. Devant près de 10 millions de téléspectateurs sur France 2 et dans un Bercy en fusion, la révolte est sonnée par Guerschon Yabusele, qui s’offre un poster qu’il pourra accrocher dans sa chambre ou offrir au Musée du Louvre. 

Photo : L'Equipe


Le final de Léon Marchand au 200m papillon


Avant les Jeux Olympiques, Léon Marchand avait 216 mille abonnés sur Instagram. Au 6 août, il en comptait plus d’un million. Le français est un des sportifs qui a le plus monté en notoriété pendant ces Jeux, et pour cause : il est l’athlète ayant décroché le plus de titres olympiques sur cette édition avec pas moins de quatre médailles d’or, toutes remportées en individuel ! Si le nageur toulousain a montré une domination sans partage sur le 200 mètres brasse et les 200 mètres et 400 mètres quatre nages, établissant le record olympique et devançant ses concurrents de plus d’une seconde sur chacune de ces épreuves, il aura eu besoin de se surpasser pour glaner la médaille d’or en 200m papillon.

Nous sommes le mercredi 31 juillet, aux alentours de 20h35. Léon Marchand entre dans le bassin de l’Arena Paris La Défense, acclamé par le public français, pour sa première finale du soir. Le Toulousain aspire à réussir ce qu’aucun nageur n’a encore fait aux Jeux Olympiques : remporter deux titres individuels le même jour. Face à lui se dresse l’obstacle Kristóf Milák, champion du monde 2022, champion olympique en titre et actuel recordman olympique et mondial de l’épreuve, qui est logiquement le grand favori à sa propre succession. Si les 150 premiers mètres de la course ont été dominés par le hongrois, les 50 derniers appartiendront à l’histoire du sport français.

À la dernière poussée, Milák devance Léon Marchand de 72 centièmes, soit un écart quasiment impossible à combler en 50 mètres. Mais impossible n’est pas Léon Marchand. Grâce à une coulée de presque 15 mètres, le français revient peu à peu à hauteur du hongrois. À mi-bassin, Milák jette un œil à sa gauche : Léon est déjà là. Le public tricolore pousse derrière son jeune prodige, qui trouve les ressources nécessaires pour en remettre et déposer le hongrois, qui finira une demi seconde derrière Léon Marchand. Nouveau record olympique de l’épreuve, deuxième médaille d’or dans ces Jeux à domicile.

Photo : Linternaute.com

À peine deux heures plus tard, le français tient son rang de favori sur le 200m brasse qu’il remporte largement devant l’Australien Stubblety-Cook, créant l’exploit de remporter deux courses individuelles la même soirée. En 50 mètres, le Toulousain est entré à jamais dans la légende de la natation et du sport français.


Le podium 100% français en BMX Racing


En 16 jours de compétition, l’équipe de France olympique a enregistré 64 médailles, dont 16 en or. Certaines disciplines comme le judo, la natation ou l’escrime ont été très prolifiques pour les athlètes tricolores et ont fortement contribué au succès français au tableau des médailles. Mais c’est bien au BMX Racing que les tricolores ont fait carton plein, en remportant trois médailles en une course de trente secondes. 

Au programme des Jeux Olympiques depuis 2008 à Pékin, cette discipline voit s’affronter en finale huit cyclistes montés en BMX  sur un parcours rempli de bosses et de virages relevés, à la manière du skicross aux Jeux Olympiques d’hiver. Il y a trois ans à Tokyo, 3 français étaient sur la ligne de départ de la finale : Sylvain Andre, Romain Mahieu et Joris Daudet, qui avaient terminé respectivement 4ème, 6ème et 7ème. Trois ans plus tard, les trois français se retrouvent à nouveau en finale, avec une volonté d’effacer la désillusion de Tokyo. 

En signant les trois meilleures performances en demi-finales, les tricolores ont chacun pu choisir leur porte de départ : Joris Daudet s’élancera donc du portique numéro 1 (le plus à l’intérieur au premier virage), Sylvain Andre du 2 et Romain Mahieu du 4. 

Le dernier bip retentit, la grille s’abaisse, les cyclistes bondissent. Au premier pointage intermédiaire après trois secondes de course, les trois français sont déjà aux trois premières positions. L’Australien Izaac Kennedy tente l’extérieur du premier virage, mais se retrouve bloqué par Romain Mahieu et chute. Les français s’envolent en tête, menés par le champion du monde en titre Joris Daudet. 

Sortant avec beaucoup de vitesse au dernier virage, le Suisse Cédric Butti revient dans la roue de Romain Mahieu, menaçant sa médaille de bronze provisoire. En franchissant la ligne, les deux premiers jettent un coup d’œil derrière leur épaule pour savoir qui a fini troisième de la course. Ils l’ont compris, le public l’a compris, la France l’a compris : le stade explose et les commentateurs des diffuseurs français sont en folie : triplé français à Paris ! Pris d’émotion, les trois amis se prennent dans les bras avant de remonter la piste en sens inverse pour célébrer leur exploit avec un public en délire. Il s’agit du premier triplé français aux Jeux Olympiques d’été depuis … Paris 1924. Un tel exploit se savoure mieux à domicile !

Photo : Dicodusport


La roue qui choisit Teddy Riner au combat décisif de la finale du par équipes


Le judo est un art martial créé en au Japon en 1882, et intégré au programme olympique en 1964 pour les Jeux de Tokyo. Le Japon est d’ailleurs le pays le plus titré et comptant le plus de médailles dans l’histoire de ce sport aux Jeux Olympiques. Pourtant, depuis le début du 21ème siècle, son roi est français. 

Cela fait près de 20 ans que Teddy Riner est entré sur le circuit seniors de Judo. De ses 17 à ses 35 ans (actuellement), le Guadeloupéen a remporté à cinq reprises les championnats d’Europe, à onze reprises les championnats du monde, et compte à son palmarès trois médailles d’or olympiques (deux en individuel et une par équipes). Il est incontestablement le meilleur de son sport et l’athlète que tout judoka redoute d’affronter, plus particulièrement aux Jeux Olympiques. 

Le 2 août, il remporte la troisième médaille d’or individuelle de sa carrière, en battant ses quatre adversaires par Ippon, dont un en finale qui restera dans la mémoire de tous les fans français de judo. Le lendemain, au terme d’un tableau passé sans accroc, l’équipe de France mixte est qualifiée pour la finale, lors de laquelle elle affrontera l’équipe du Japon. Le rendez-vous se complique rapidement pour les Bleus, qui se retrouvent menés 3-1 par les nippons. Puis grâce aux victoires successives de Joan Benjamin Gaba et de Clarisse Agbegnenou, la France revient à 3-3 : il y aura un combat décisif pour la médaille d’or. 

À ce moment-là, alors que la plupart se demandaient comment allaient être choisis les deux combattants qui iront se battre pour l’or sur le tatami, une roue apparaît sur les écrans géants de l’Arena Champ-de-Mars, affichant les catégories de poids des duels précédents. La roue se met alors à tourner, toute la France retient son souffle, priant pour que le héros national soit choisi. 

Photo : Franceinfo

Puis comme par magie, comme si les dieux du judo avaient écrit le script de cette finale, la roue s’arrête sur la catégorie des plus de 90 kilogrammes : le duel décisif opposera le poids lourd nippon Tatsuru Saito au géant français Teddy Riner. Première célébration du public français. La caméra se fixe alors sur le français : le regard concentré, près à en découdre. Le public célèbrera à nouveau quelques minutes plus tard, en réaction au Ippon de Riner après plus de six minutes de combat intense, pendant lesquelles le nippon Saito a tout donné. Il est simplement tombé sur meilleur que lui, sur le meilleur judoka qui n’ait jamais existé, sur un homme qui n’avait qu’un objectif en tête depuis l’attribution des Jeux Olympiques de 2024 à Paris, comme une prophétie à réaliser. Grâce à ces deux titres glanés à domicile, Teddy Riner s’ancre encore plus dans la légende du judo et dans la légende du sport français. 


Les larmes de Pauline Ferrand-Prévot 


Pour ceux qui ne connaîtraient pas Pauline Ferrand-Prévot, une petite présentation s’impose. Pauline est une coureuse cycliste polyvalente aussi à l’aise sur route qu’en VTT, ce qui lui a permis de glaner de nombreux titres sur ces deux disciplines : elle a notamment remporté les championnats du monde sur route, de gravel, de cyclo-cross, de VTT marathon (2x), de cross-country (5x), et bien d’autres. La Rémoise a un palmarès bien fourni du haut de ses 32 ans, mais un titre lui manque pour compléter sa collection, celui de championne olympique. Malgré trois participations à Londres, Rio puis Tokyo, elle n’a jamais fait mieux qu’une dixième place. Inscrite à nouveau sur l’épreuve du cross-country, elle porte le statut de favorite pour mettre fin à la malédiction olympique qui pèse sur elle. 

Dès les premiers kilomètres, la championne imprime son rythme. Elle s’extirpe du peloton dans un groupe de 4 cyclistes, dont sa compatriote Loana Lecomte. Puis au deuxième tour, après seulement 13 minutes d’effort. Pauline place son attaque. Loana Lecomte tente de réagir mais se résigne, Puck Pieterse souffre. Elles ne reverront plus Pauline Ferrand-Prévot avant le podium. 

Pendant cinq tours, celle que l’on surnomme PFP signe un véritable numéro en tête de la course, creusant l’écart tour après tour. Sur la ligne, elle arrive avec presque trois minutes d’avance sur sa dauphine américaine Haley Batten. La Française prend le temps de savourer sa victoire sur la ligne droite. Elle l’a enfin fait : devant son public, après plus de dix ans de carrière professionnelle, la Rémoise ajoute à son palmarès le seul titre majeur qui lui échappait. 

Photo : ELLE

Sur le podium, Pauline profite de la remise de sa médaille accompagnée de la Marseillaise devant son public, ne pouvant s’empêcher de laisser couler ses larmes de joie et de fierté. Idem le lendemain au Parc des Champions du Trocadéro, où la championne française n'arrivait même plus à parler tellement l’émotion la submergeait. 

Maintenant détentrice d’un palmarès sans faille, PFP restera à jamais une des meilleures de l’histoire de son sport, si ce n’est la meilleure.



Pablo Gravier, le 17 août 2024