NBA : Il faut sauver le All Star Game

21 février 2024 par
Gravier Pablo

Photo : 20 Minutes


Dans la nuit de dimanche à lundi dernier, la ville d’Indianapolis a accueilli la 73ème édition du NBA All Star Game, rendez-vous lors duquel tous les meilleurs joueurs du début de saison s’affrontent le temps d’un match de basket. Cette édition marquait le retour du traditionnel format East vs West, séparant les joueurs en deux équipes selon la conférence dans laquelle ils évoluent. En revenant à ce format, Adam Silver, commissionnaire de la NBA, avait pour ambition de redorer l’image d’un évènement en déclin depuis plusieurs années. Malheureusement, cela n’a fait que confirmer les doutes émis à propos du futur du All Star Game.


Lors du match de ce weekend, l’équipe de la conférence Est portée par Damian Lillard a enregistré 211 points en 48 minutes de jeu, devenant la première équipe à passer la barre des 200 points lors d’un match NBA. Le total de 397 points cumulés sur l’ensemble du match par les deux équipes devient d’autant plus surprenant lorsque l’on le compare à n’importe quel match de saison régulière. Lors de la saison 2022-2023, la moyenne de points d’un match de NBA s'élevait à 115 points par équipe, soit moins de 60% du total atteint lors du “Match des étoiles” (Basketball Reference). 

Si on voulait résumer le All Star Game de cette année, on pourrait dire qu’on a assisté à un enchaînement ennuyeux de dunks et de tirs à 3 points incontestés entre des joueurs qui n’attendaient qu’une chose : finir le match pour s’accorder une pause de quelques jours avant la reprise du championnat dans la nuit de vendredi. Après 55 matchs joués en saison régulière pour la plupart des joueurs présents sur le parquet d’Indianapolis, on peut comprendre que l’intensité ne soit pas le maître mot de la rencontre. Anthony Edwards, joueur des Minnesota Timberwolves et All Star pour la deuxième fois de sa carrière, s’est confié sur la raison du manque d’implication : “C’est une pause. Je pense que personne ne veut venir ici et se donner à fond.” (Inside Basket) Mais une question se pose alors : existe-t-il une solution capable de lui redonner un second souffle, ou est-elle voué à l’échec ?


Sur les réseaux sociaux comme dans la presse, le manque d’implication des joueurs lors de la rencontre agace. Le All Star Game n’est plus que l’ombre de lui-même, et cela se montre au niveau des audiences : aux Etats-Unis, la rencontre a été regardée par seulement 5,5 millions de téléspectateurs, très loin des 22,9 millions enregistrés lors du record d’audiences en 1993. Depuis 2003, aucun All Star Game n’a mobilisé plus de 10 millions de personnes derrière leur écran, symbole du déclin de l’évènement depuis un bon nombre d’années (Basket Infos). 

Au milieu des critiques, certains cherchent à trouver la solution miracle qui redonnerait à l'événement ses saveurs d’antan. Parmi elles, trois idées sortent du lot. 


La première consisterait en changer une nouvelle fois de format. Après les échecs des sélections par des capitaines et de celui du retour du duel des conférences, peut-être serait-il temps de trouver un nouveau format : Team USA vs Team World : un match opposant les meilleurs joueurs américains d’un côté et les meilleurs joueurs étrangers de l’autre. Depuis de nombreuses années, le niveau des joueurs étrangers en NBA ne cesse d’augmenter, en témoigne les cinq derniers titres de MVP récompensant le meilleur joueur de la saison régulière, tous délivrés à des joueurs étrangers. De plus, seuls quatre joueurs comptabilisent plus de 30 points de moyenne cette saison. Les quatre sont étrangers : le camerounais Joël Embiid, le serbe Luka Doncic, le canadien Shai Gilgeous-Alexander et le grec Giannis Antetokounmpo. Cette confrontation serait d'ailleurs une bonne occasion pour l’équipe américaine de faire oublier ses contre performances lors des deux dernières Coupes du Monde FIBA, et serait un bon moyen pour préparer les compétitions à venir, tant les prochaines Coupes du Monde que les prochains Jeux Olympiques. 

En réalité, ce format n’est pas tout à fait nouveau puisqu’il avait été mis en place entre 2015 et 2021 lors du Rising Stars Challenge, une sorte de All Star Game pour les stars montantes et les rookies de la ligue. Ce format avait d’ailleurs montré un équilibre quasiment parfait entre les deux équipes (4 victoires pour Team USA, 3 pour Team World), de quoi offrir un beau spectacle aux prochains All Star Games en cas de mise en place de ce format prometteur.


La deuxième idée pour révolutionner le All Star Game serait de récompenser l’équipe gagnante d’un prize money. La ligue a d’ailleurs adopté ce système pour l’introduction du nouveau In Season Tournament qui s’est déroulé en décembre dernier, récompensant chaque joueur de l’équipe gagnante de 500 mille dollars pour motiver les équipes et les joueurs à remporter ce nouveau trophée. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la stratégie a fonctionné. Pendant un mois, les joueurs ont montré toute leur détermination à figurer dans le tableau final, et le Final Four à Las Vegas a été un franc succès. Si le prize money est le prix à payer pour revoir des All Star Games comme à l’époque, qu’il en soit ainsi.


Enfin, la dernière idée qui revient souvent serait de conserver le format actuel East vs West, et de donner l’avantage du terrain en finales NBA à la conférence gagnante. En bref, l’avantage du terrain est le fait de disputer plus de matchs à domicile qu’à l’extérieur lors d’une série de playoffs. Habituellement, cet avantage est octroyé à l’équipe qui a eu le meilleur bilan sur les 82 matchs de saison régulière. Ainsi, le All Star Game aurait une incidence non négligeable sur la fin de saison NBA, obligeant les joueurs à montrer un réel intérêt à remporter le match. Mais serait-elle vraiment la solution la plus juste ? 


Aucune de ces trois idées n’est la solution miracle à la remise sur pied du All Star Game, mais au vu des échecs cuisants des dernières années, la NBA se doit de réinventer sa recette au plus vite pour ne pas laisser sombrer ce monument du basketball américain. 




Pablo Gravier, le 21 février 2024